Sous le même Toit: Suspense psychologique (French Edition) by Feyrac Aurélia

Auteur:Feyrac, Aurélia [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2024-06-19T23:00:00+00:00

Chapitre Onze

Le ciel était déjà très bleu malgré l’heure matinale, l’air agréablement froid sur leurs jambes nues. Gaël et Lara parvenaient en jogging à la porte du parc du Retiro à laquelle ils avaient donné rendez-vous à Antoine, celle située sur l’avenue d’Alcalá.

Antoine, qui vivait avec ses parents dans un des magnifiques édifices bordant l’avenue, les y attendait en faisant du jogging sur place sur le trottoir, ses jambes maigres émergeant d’un short de foot.

Après un bref salut et une accolade, les trois s’engagèrent ensemble à l’intérieur du parc, échangeant des plaisanteries. Le tour par l’extérieur du parc — quatre kilomètres et demi, de la rigolade — représentait l’échauffement pour Lara et Gaël. Antoine préférait les rejoindre seulement pour les sprints.

Les trois amis s’engagèrent en marchant dans l’allée qui s’ouvrait devant eux. Les bruits de la ville avaient disparu, en ce dimanche matin, laissant planer sur la capitale un silence inhabituel. Les familles étaient encore au lit ; les magasins, fermés. Un écureuil courut sur une branche, profitant du calme, et s’enfuit quand Lara poussa un cri en le leur désignant.

Quelques boulangeries venaient d’ouvrir, pour satisfaire l’appétit de ceux qui avaient passé la nuit à danser, mais la clientèle familiale ne se présenterait qu’après la messe. Trottoirs et caniveaux exhibaient les marques de fatigue et les fluides divers laissés par une nuit de fête. Le métro en avait ramené certains vers leur lit, et d’autres prolongeaient la fête ailleurs, ignorant avec détermination la lumière cristalline du matin.

Le parc, lui, appartenait aux sportifs. Gaël y était venu plusieurs fois courir avec Lara et Antoine, même si le long trajet en métro à cette heure matinale était fortement dissuasif. Maintenant qu’il habitait à une vingtaine de minutes à pied, il comptait bien y venir plus souvent.

Tous trois marchèrent d’un pas vif jusqu’à la longue allée où il comptaient enchaîner plusieurs sprints. Lara leur racontait quelque chose au sujet de sa liste de mariage. Les cheveux relevés en queue de cheval, sans maquillage et les joues rouges, Gaël la trouvait plus jolie qu’à la banque.

“Alors, c’est officiel ?” lança-t’elle.

“Ton mariage ? J’avais l’impression, non ?”

Mais il savait déjà où elle voulait en venir, et ne put s’empêcher de se mettre sur la défensive.

Elle se retourna vers lui, légère sur ses baskets, le regard brillant : “Tu t’es mis en couple avec cette fille ?”

Gaël leva les yeux au ciel.

“On partage un appartement. Ce n’est pas être en couple.”

“Non, nous ne sommes pas en couple,” insista-t-il devant le sourire condescendant de la jeune femme.

“Tu as toujours eu un goût déplorable en ce qui concerne les femmes.”

“Eh,” protesta Antoine, “elle est sympa, la nouvelle.”

“Se taper la stagiaire, franchement ?”

Antoine s’arrêta, surpris :

“Ah, ça je n’étais pas au courant. Quelle stagiaire ?”

“Solène n’est pas une stagiaire,” répliqua Gaël agacé.

“Elle en a l’air, pourtant,” rétorqua Lara avec une moue.

“Ah ! Il me semblait bien que c’était d’elle que vous parliez.”

Antoine avait la sensation de manquer une partie de la conversation.

“Elle est gentille, pourtant, non ?”

“Justement : elle est gentille,” assena Lara, transformant le mot en une insulte.

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